Prends tes pieds

vendredi 30 septembre 2011

Baixo Simo




Il y a la route. Elle divise tout. Deux fois trois voies et un terre-plein central. Au dessus d'elle des tours s’élèvent. Les plus récentes dispose d'un confort exagéré : piscine, jeux pour enfants et salle de gym au rez-de-chaussée. Toutes ont un gardien veillant à la bonne marche de la machine. Le moindre changement dans la routine est rapporté, comme ces témoins de mauvais feuilletons qui rapportent tout dans des cahiers. Comme des bastions, ces tours sont flanquées de grilles dont personne n'a la clef. Le gardien en contrôle l'ouverture. Autant dire, impossible d'y entrer sans y connaître quelqu'un. Comment savoir quel côté de la grille est le plus sûr ? Quand l’extérieur souffre de la psychose omniprésente de la classe supérieure brésilienne, l'intérieur, lui, semble être grignoté par le l'abondance et la normalisation des mœurs. C'est sûr, dedans, on y est en sécurité.
Mais la route est toujours là, présente. A chaque sortie elle se rappelle aux habitants des beaux quartiers. Elle pèse de tout son poids sur la société brésilienne. La vitesse de circulation ne fait qu'accentuer la fracture. Un Brésil démembré où la peur se fait sentir. Malgré la distance qui se crée au fil du temps entre les deux côtés de la route, les interdépendances sont là. Le soir, les femmes de ménage descendent du haut des tours, traversent la route et passent en dessous. En dessous, c'est un autre monde, celui qui fait peur, celui qu'on ne connaît pas, celui qu'on ne veut pas connaître. Ce monde est celui de la survie, de l'adaptation. La vie s'installe dans des maisons de briques et de trocs. Des câbles sont tirés et l’électricité arrive.
Ce Brésil, c'est la course entre le cheval de trait menant péniblement sa carriole et l'avion supersonique qui fait découvrir le monde en un battement de paupière.

Simon

Agua o Coco




Tchack fait la machette en frappant la noix de coco.
C'est un de ces petits rien que l'homme, d'où qu'il soit, sait partager.
Cela fait bien dix minutes que nous les regardons faire. Dans un croisement de regard nous avons obtenu leur accord pour prendre des photos. L'un est perché, là-haut, donnant de grand coup de machette à l'origine de la palme. L'autre s'équipe pour monter le mât qui se dresse devant lui. Il passe ses câbles autour du tronc. Un pied dans l'un, une main tient l'autre et, en quelques instants, lui aussi dialogue avec le ciel. Tous deux, à la cime des cocotiers, font tomber palmes et cocos. Ce sont des employés de la ville.
D'autres sont en bas. Ils ramassent les cocos et enlève les feuilles tombées sur le sol. Au fil de la taille, les cocotiers se dénude et le sol se jonche de feuilles et de noix. Les hommes aux pieds des arbres s'activent. L'un d'eux nous fait signe d'approcher.
Tchak, la noix de coco est ouverte, il ne reste plus qu'à en déguster le lait.

Simon

mercredi 28 septembre 2011

O Pescador



Des escaliers en béton descendent depuis la route de derrière le fort de santa Maria. Le couple de touriste devant nous ne semble pas s'y intéresser. En bas on aperçoit une habitation, le genre de bric et de broc, montée sur les rochers, là où les vagues viennent se casser. Je descends les escaliers, arrivé à mi chemin j’aperçois du monde, des gens semblent assis sur les rochers. Je remonte de quelques marches, Pierre m'a suivi, il descends un peu plus bas. Nous croisons deux personnes qui montent les escaliers, un homme, en bas, nous fait signe de descendre. On se regarde, on hésite et c'est partit nous voilà chez des pêcheurs brésiliens. Nos hôtes sont très accueillants, l'homme qui nous a fait signe de descendre nous présente à sa famille, ils nous propose de prendre des photos. Au début on  se montre hésitant, au fur à mesure on devient plus à l'aise. Notre « guide » nous emmène voir une source qui coule au pieds d'un arbre, il nous dit que l'eau est potable car elle vient des racines de l'arbre. Nous avons quelques doutes sur la véracité de l'information : juste au dessus de l'arbre se trouve une route et derrière le fort et la ville de Salvador. Les racines de l'arbre, tout aussi filtrante qu'elles soient, ne doivent pas s'en sortir s'y facilement avec les hydrocarbures et autres pollutions qui passent par là. Après ce passage à la source nous remontons vers la maisons, au milieu de chats, chiots et dindons. Le pêcheur nous accompagne pour remonter les escaliers puis reste avec nous pour retourner vers Barra, le quartier de l'auberge. Là, nos rapport changent du tout au tout, il nous demande dix Réales chacun pour que sa famille puisse manger. Nous sommes face à un problème de taille : comment lui expliquer que nous n'avons pas beaucoup d'argent et que dix Réales comptent pour nous après avoir sortis nos appareils photos haut de gamme devant chez lui. On comprends qu'il vaut mieux que l'on paye pour ne pas avoir d'ennuis. Dans notre portugais de bas étage on réussi à s'en tirer pour huit Réales cinquante, la somme de la petite monnaies que l'on a dans nos portefeuille, on évite bien sur de lui montrer le billet de cinquante que chacun de nous a. Il nous quitte pour aller jouer de la musique dans le Pelhourino, quartier historico-touristique de Salvador. Après ces aventures intenses on se pose sur la plage pour souffler.




Simon

Premiere rencontre



Lundi 26 septembre, premiers jours à Salvador, alors que nous marchons dans la rue avec nos gros sacs et nos chaussures humides pour changer d'auberge, deux jeunes filles nous interpellent. Munies de leur caméra elles nous expliquent qu'elles étudient le cinéma et qu'elles font actuellement un court métrage sur les bagpackers. Nous acceptons alors de jouer aux acteurs avec elles et de répondre à leurs questions. Roberta parle anglais et Joyce comprend a peux près mon Espagnol du fin fond de la Bretagne ce qui nous permet de tous discuter. Nous marchons ensemble quelque temps, elles filment nos échecs dans des hôtels trop chers puis finissent par nous conseiller une auberge à un prix très correcte. Elles nous emmènent à l'université, nous font une petite visite, nous montrent où avoir internet et n'hésitent pas à nous accorder du temps quitte à être en retard pour leurs cours. Avant de partir elles nous proposent de se revoir le lendemain ce que nous acceptons avec plaisir. Ce deuxième jour en leur compagnie est magique, elles nous font visiter la ville, nous emmènent dans différents quartiers, dans des musées, elles nous font découvrir des mets locaux et des bâtiments à visiter. Nous commençons grace à elles à comprendre cette ville. Nous passons donc tout l'après midi ensemble à discuter et nous balader et rentrons à l'auberge heureux de cette journée.



Pierro

C`est parti pour un tour

Déjà trois ans à l’école d’architecture de Nantes… Nous sommes trois potes, passons notre temps à chercher les endroits insolites de notre ville, et trouvons que ces études passent bien trop vite… Une présentation, Pierre, jeune homme aux poils roux, 22 ans, Simon, grande brute au grand cœur, 22 ans, et moi, JF,  24 ans, doyen et petit nain énergique !!

Chacun d’entre nous envisage une année de pause, de voyage et de découvertes. On discute de nos projets, d’abord solitaires, puis nous vient l’idée de partager cette année de rencontres. Sans trop préparer tout ça, on se donne une direction, l’Amérique latine.  « Tu parles le portugais ? Non, et toi ? Un peu l’espagnol… », Banco ! Ce sera le continent sud américain. Le plan, atterrir au Brésil, côte est, traverser vers l’Ouest et remonter aux Etats-Unis, le tout en stop, voire en bus.



Les mois passent, on bosse, à l’école, puis à financer ce projet. On achète nos billets, le choix s’oriente sur Salvador de Bahia, 412€ chacun, le moins cher ! Départ prévu le dimanche 25 septembre, 6h25, Aéroport de Paris Charles de Gaulle.

Septembre. L’été se termine, la rentrée arrive et il est maintenant temps de commencer à préparer sac à dos, assurances, facilités bancaires, etc… Les jours filent, le temps des aux revoirs arrivent. Difficile…

La première étape sera  Paris pour une nuit à l’aéroport Roissy Charles de Gaulles. Nous prendrons ensuite un premier avion direction Francfort avant de décoller pour Salvador, aux environs de 11h35, dimanche heure française.

Pesee a l`aeroport


Petit récapitulatif :
La pesée indique que nous portons chacun nos 24kg, repartis dans nos 2 sacs respectifs et notre poids total au départ s’élève à 396,4kg soit le poids de Pierre, Simon, nos sacs, et moi (JF).
Notre budget s’élève à  300€ par mois chacun tout compris, soit environ 750 Reals Brésiliens. 
C’est certes peu en Europe, mais on est confiants, et on se dit qu’en faisant du Couchsurfing, du Stop et en étant attentifs, on devrait s’en sortir.

Dimanche 24 septembre, 11h40 heure française.
Après un passage compliqué à la douane, l’avion décolle, nos bagages sont en soute, la tête dans les étoiles, on se regarde et nous disons que c’est parti ! Les repas du premier choix s’enchaînent, on s’assoupit. Après quelques heures vient le temps des premières rencontres. Trois femmes brésiliennes dont Marguarita, une femme d’une cinquantaine d’année nous questionne et nous conseille sur les lieux où dormir à Salvador. Les brésiliens semblent attentionnés.

L’atterrissage se fait en douceur, nous voilà au Brésil ! On cherche une auberge, et nous voilà dans un bus, brésilien, on ne peut se tromper. On s’accroche, le paysage défile, comme surnaturel. Tandis qu’on traverse  la ville, la nuit tombe, il est 19h, heure locale. La ville se dessine, ses contrastes apparaissent, nous y voilà, l’Amérique latine se déroule sous nos pieds…


JF