Prends tes pieds

jeudi 29 décembre 2011

Il a le regard

Il a le regard de ceux qui aimeraient être de l'autre côté. Lui, il n'est pas assis dans le bus, il en monte et en descend toute la journée armé de sa glacière de polystyrène fournie de glaces à l'eau.
Ce regard je l'ai intercepté alors qu'il vendait ces rafraîchissements à des enfants à peine plus jeunes que lui. C'est là que j'ai compris ce qu'il voulait dire. Lui aussi aimerait être là, innocemment assis dans le bus, papa achetant des glaces pour tout le monde. Mais les choses ne sont pas toujours comme on aimerais qu'elles le soient, au lieu d'aller à l'école il vend des glaces de bus en bus. Il a le regard déjà vidé par sa vie et en même temps brillant des milles feux de l'envie.
Des deux côtés de la richesse ce sont des enfants, des adultes en devenir. Les plus honnêtes ne seront peut être pas ceux auxquels on pense.

mardi 20 décembre 2011

Objectif Equateur

15 décembre. Objectif Équateur. Je suis à Cuzco, de retour de Choquekiraw, Nathalie doit arriver en Équateur le 18, dans la soirée. J'ai quelques jours pour traverser le Pérou. Le voyage se divise en deux parties : Cuzco-Lima puis Lima-Guayaquil. Pour la première partie j'ai les conseils des péruviens : surtout ne pas prendre certaines compagnies à bord desquelles les menus larçins sembles êtres inclus dans le prix du billet. Au terminal terrestre de Cuzco toutes les compagnies recommandées me jettent au visage des prix exorbitant. Je me rend donc au guichet de Celtur, filiale de Flores, compagnie dont on m'a tout dit, sauf du bien. Par je ne sais quel miracle je paye 70 soles pour 22 heures de voyage, soit 20 soles de moins que tout les péruviens à bord, allez comprendre ! Chose rare, je suis le premier sur le quai et, de ce fait, le premier à entrer dans le bus. Après avoir mis mon sac en soute et monté les quelques marches qui séparent le pont du bus du niveau du sol mon nez se retrousse face au étrangetés olfactives qui emplissent le bus vide. Des effluves d'urine englobent le bus. Ayant eu la malchance d'acheter mon billet 20 minutes avant le départ je me retrouve doté d'une place de premier choix, presque voisine des toilettes, la principale source de cette fragrance. Les 22 heures à venir s'annoncent coriaces. Dix minutes après mon installation l'équipage de bord monte chargé de ces boites de polystyrène que l'on utilise pour y mettre les kebabs à emporter. Ils rangent notre dîner et petit déjeuner deux rangées derrière moi. Voilà donc qu'à ce parfum de chiottes publiques françaises s'ajoute celui de 50 poulet industriels mal rôtis, sans oublier le même nombre de tranches de mortadelle. Malgré tout, en 22 heures, on a le temps de s'adapter à la pire des odeurs. De temps à autres un péruvien se lève pour aller vomir dans ces WC infernaux, comme une piqûre de rappel de la situation.
Arrivé à Lima, la situation change. La ville est tellement grande qu'il ne semble pas y avoir de terminal de bus commun mais des terminaux par compagnies. Autant dire que ça rend l'étude de marché et le jeu de la compétition bien difficile. Adieu la négociation. Je demande donc à un taxi de n’emmener à la compagnie internationale la moins chère. Au terminal d'Ormeno je me vois donc acheter un billet de 28 heures pour Guayaquil pour la somme exagérée de 70$, soit 2,9 fois les prix de mon précédent billet. De toute façon je n'ai pas le choix.
Cette foi-ci c'est donc dans un bus de luxe que j'embarque. Cependant, mis à part le confort et l'absence d'odeurs désagréables, la nourriture n'est pas mieux. Et, comme d'habitude, luxe n'est pas synonyme de sécurité : 3 colombiens se sont donc fait volés leurs sacs sous leurs pieds. L'un d'eux se retrouve donc sans passeport et ordinateur.
Heureusement j'arrive à bon port sans encombres. 17 décembre, 10h du soir, Guayaquil, ville réputée dangereuse, sans hôtel ni ami. J'aborde deux colombiens à la sortie du bus, nous chercherons donc un endroit où dormir à trois. Il ne me reste plus qu'à attendre le 18 avec impatience.

mardi 13 décembre 2011

X,Y,Z

Théorisons. En prenant pour données l'univers, le système solaire et notre bonne vieille Terre. Notons que l'ensemble de ces systèmes sont en mouvement, que la Terre suit une trajectoire ellipsoïdale autour du Soleil, et qu'elle est elle-même en rotation autour de son axe Nord/Sud. Considérons maintenant la trajectoire d'un objet O, positionné dans cet ensemble, suivant un axe X, Y, Z, intangible et immuable.
Bien que fixé en un point P, pouvons-nous admettre que cet objet se mettrait en mouvement ? A peine installé, ne se prendrait-il pas à se jouer de notre danse ininterrompue ? Ne l'apercevrions-nous pas s'éloigner, se rapprocher, et finalement fuir, nous quitter? Il s'installerait dans ce système universel, au cœur du vide, de l'univers, seul point fixe, et nous nous demanderions alors si nous l'aurions perdu à tout jamais. Y'aurait-il parmi les lecteurs un physicien ? Pourrais-tu nous annoncer la date de notre future rencontre ? Quand pourrons-nous récupérer cet objet ? Notre objet ?

Merci à tous, physiciens, astronomes, spéculateurs de bien vouloir nous informer, de poster la date, calculée de ces futures retrouvailles.

Nous avons ici nombres d'agendas, et nous souhaiterions prendre date, afin de nous assurer de ne pas le manquer.


Cordialement,

Rota, la fée



D'une chambre d'hotel sans lumière du jour...

18 Novembre, c'est la date de ma dernière action dans mon carnet : un dessin, à Sucre, en Bolivie. Depuis, les choses se sont enchaînées si vites que je n'ai put lutter. Tant de choses se sont passée, autant dans mon voyage qu'en France. J'ai appris ce matin que les agriculteurs de l'hexagone devait désormais payer une taxe pour replanter leurs semences, taxe reversée aux multinationales semancières. J'en suis resté bloqué au lit. Les choses s'enchaînent où que l'on soit et quoi que l'on fasse. Il est parfois dur de ne pas succomber a un fatalisme ravageur au regard de ces nouvelles lois. Dans ma tête le connexions se font, Sao Paulo, la ville aux milliers de building, le levier monétaire qui agit encore et encore pour faire pression sur le monde en touchant a ses besoins les plus primaires. Les pires scénarios de science fiction ne sont peut-être que des prophétie. Et me voilà, moi, dans tout ça, voyageant au Pérou, vivant dans un grand bonheur et me retrouvant malgré moi confronté à cette réalité pessimiste du monde. Allez, laissons ça de côté un instant pour jeter un œil à la Bolivie et au Pérou au travers du salar d'Uyuni et du macchu pichu du pauvre à la corne sous le pied.

18 novembre, dernier dessin. Le lendemain je rencontre Elie, français, à Potosi, avec qui je ferais un bout de chemin. Ensemble nous irons au salar d'Uyuni où, simultanément, nous serons confronté à des merveilles de la nature et à l'étrange sensation d'être assis dans un 4x4 Toyota filant a toute allure de pause photo en pause photo. Avec nous sur le salar, Maud, une française fort sympathique, et deux anglais et une suisse qui auront pour rôle de nous faire rire, les anglais tout particulièrement. Il n'a jamais été facile de se maquiller dans un 4x4...
Le tour sur le salar d'Uyuni est pour moi l'occasion d'un record d'altitude, et oui je n'avais encore jamais vomi à plus de 5000m d'altitude. En effet, la fricassée de llama mangée au marché avant de partir m'a laissé un cadeau : une petite bactérie qui fait que ce que je mâche ressort non digéré dans ce que j'ai bu : autant dire que je me déshydrate a vu d’œil. Heureusement, de retour à Uyuni, les antibiotique de l’hôpital auront raison de cet hôte non désiré.



 









D'Uyuni, je file pour la Paz, ville qui me sera profitable. Dans la rue, j'y rencontre un argentin vendant ses photos comme cartes postales. En voilà une idée, le lendemain même je m'y essaie, ça semble marcher...

De la Paz direction Cusco, Pérou, avec un arrêt au lac titicaca. Cusco, avec une idée en tête : Choquekiraw, le macchu pichu dans la montagne. Pour y aller pas de train à touriste, pas de bus, simplement deux jours de marche, pas le choix. Sur ce trek on entend tout et n'importe quoi, présence de voleurs sur le chemin, terroristes dans les environs, risque de se perdre si on part sans guide. Je me décide donc à ne pas y aller seul. A Cusco, plaza de armas, je démarche les passant, expliquand l'idée, je part seul, sans guide, pour un trek de huit jours, pour voir un site inca plus grand que le macchu pichu et exploré à la hauteur de 30%. C'est comme ca que je rencontre Tanguy, gémologue de a la trentaine entamée, qui a déjà bourlingué de par le monde. En parrallèle, couchsurfing me fait rencontrer Morgane, photographe en voyage. L'équipe est composée, il n'y a plus qu'à se lancer. Achat de provisions, départ pour Cachora. Là la mission est de trouver un muletier. La chance nous sourit, nous rencontrons Julien, le doenio de Choquekiraw. Petit-fils de celui qui, avant Bingham où tout autre, occidental, à mis les pieds a Choquekiraw, cité!inca oubliée pour un temps. La sécurité n'est donc plus du tout un problème, on est accompagné par le chef de la région et ce pour un prix défiant toute concurrence. Pour le Trek je vais laisser parler l'image, j'ai déjà trop ecrit, et moins bien que d'habitude, mais j’utiliserais le retard comme excuse...


















mardi 6 décembre 2011

On est venu, on a vu...

Notre traversée de l'Uruguay a pris fin sur les rives du Rio, face à Buenos Aires. De Chuy à Colonia del Sacramento, ces deux semaines nous ont transportés au travers des campagnes et des temps.
A l'image de tout un pays, Montevideo, la capitale, transpirait l'énergie et l'histoire d'un peuple dont nous avons pu distinguer quelques traits. Ainsi, dès notre arrivée, nous avions pu percevoir ce lien entre la ville et son pays. Telles des artères, les boulevards s'étendaient sur des kilomètres, du Nord au Sud, et semblaient s'établir dans la continuité des principaux axes routiers du pays, la capitale était comme physiquement connectée à son territoire.
Pendant une semaine, nous en avons arpenté les rues et au fil des jours, des boulevards et des rues, la ville s'est présentée, empreinte d'histoires et d'Histoire. A son image, l'architecture se dessinait, très hétéroclite, parfois dans des lignes coloniales, d'autres art déco, mais souvent très européennes teintées de méditerranée. Péninsule, Montevideo se jouait entre océan et continent, chacune de ses parties vivant presque en autonomie. Au loin, d'une avenue, on pouvait se prendre à croiser l'horizon, mais jamais de ces corps luisant et ruisselant qui animent parfois le centre des villes côtières. Ici, hommes et femmes s'agitaient au rythme du soleil qui bouillonnait. Sans se bousculer, ils tournaient et viraient, vêtus de costumes tout en contraste, de noir et de blanc, avant de s'élancer, la nuit venue, jamais avant 2h du matin, dans les rues, où les fantaisies ne faisaient alors que commencer.
Le jour, un centre historique, nommé Vieja Ciudad abritait la plupart des attractions touristiques. Ici, des façades effritées, brûlées par le temps s'élevaient, et à chaque croisement il nous sembla lire une histoire. Tel ces ouvrages qui sommeillaient dans les étagères roussies des vieilles librairies du centre, la ville se présenta, au fil de nos marches, de nos découvertes. L'empreinte du temps ne semblait pas y avoir été effacé , et paraissait même faire partie du folklore local. Pour s'en assurer, il suffisait de s'attarder sur les places, dans les ruelles, où stands d'antiquités, et d'artisans assuraient le spectacle. Nous en avons apprécié quelques uns, sans succomber, bien qu'un ou deux de ces objets nous ait fort interressés. Mais c'est le dimanche venu, lorsque nous nous sommes rendu dans le quartier des férias, que nous n'avons pu éviter d'être pris dans le fil de cette histoire. Un quartier entier, presque une ville s'agitait aux rythmes des ventes d'antiquités, et ici, point de folklore, chiner était bien une des passions de ces Uruguayens. Nous avons déambulé dans ces allées une matinée, retourné quelques une des ces antiquités pour finalement s'en acquitter d'une ou deux, qui sont venus rejoindre les profondeurs de nos fidèles sacs à dos. Durant toute une matinée, nous avons humé de ces odeurs qui vous emportent, vous téléportent.
On s'est pris à rêver à d'autres temps, à s'imaginer avoir inventer cette fameuse machine, que depuis longtemps on aimerait à avoir fabriquer. Machines à remonter le temps, l'Uruguay et sa capitale, nous ont raconté une histoire. Celle d'un petit, coincé entre deux géants, qui a su digérer un passé de réfugiés, de résistants. Là bas, ils savent s'interrompre, pour partager, un instant, armé de leurs maté et vivent leur présent sans s'affoler, considérant le passé, pour mieux appréhender le futur.

Montevideo, là où jadis on s'est pris à voir un dieu sur la montagne, où nous avons simplement vu.


Jihèf