Prends tes pieds

lundi 30 janvier 2012

Suerte

Nous ne sommes pas toujours fiers de ce que nous faisons, et ce matin là sur les coups de cinq heures, nous avions mis à exécution notre plan élaboré la veille. Quelques changements apparurent mais l’exécution fut parfaite. Digne d'une série d’espionnage je n'en suis pas si sûr, mais le succès fut total.
Content de notre petit coup, nous partîmes sereins dans les rues de Rosario pour attaquer une nouvelle journée de stop. Tout commençait pour le mieux. En trente minutes nous étions dans la station service la plus à l'extérieur de la ville. Le trafic y était dense, nous étions sereins. C'est quand quatre voitures de police s'arrêtèrent devant nous pour nous demander ce que nous faisions là et si nous avions quelque chose à nous reprocher que nous vîmes la suerte commencer à s'envoler. Ce premier avertissement nous bouscula, même s'il fut sans conséquences pour nous qui ne sommes pas dealer.
Mais comme de mauvaises ondes semblaient alors roder autour de nous. Nous étions coincés, ici, trop dans la ville pour cibler les voitures, et en même temps nous ne pouvions avancer plus car seul un pont nous séparait d'un quartier dangereux où nous serions dépouillés selon les dires des locaux que nous avions rencontré.
Nous attendîmes alors cinq heures dans cette station service à se goinfrer de suerte et de buen viaje**, mais elle n'était pas là. Nous aurait-elle abandonné ce matin là sur les coups de cinq heures ?
Heureusement, notre sauveur arriva, quoi que, nous ne parcourûmes dans ce premier véhicule que 25km sur les 397 à parcourir, et nous nous retrouvâmes sur le bas coté de l'autoroute, au milieu de rien. Nous essayâmes d’arrêter les bolides qui nous soufflaient sur leur passage, en vain. La suerte était-elle définitivement partie ? Déchus, nous partions à pied avec notre maison sur le dos en direction d'une route parallèle à deux kilomètres qui serait peut être plus amicale. La fatigue commença à se faire sentir sous ce soleil de plomb, et ce deuxième point stratégique s'avéra être un nouvel échec. Nous y apprîmes que les camionneurs ne pouvaient prendre qu'une personne à la fois, nous étions deux, et ici les files de camions ne laissaient apparaître que quelques voitures qui semblaient vouloir se défiler. Nous reprîmes notre route vers un village proche espérant y retrouver espoir. C'est là que nous apprîmes qu'à 1 km d'où nous étions au début, se trouvait une station service sur l'autoroute, où nous aurions toutes nos chances. C'était une bonne nouvelle, mais il fallait encore y aller. Gentillement, quelques personnes nous expliquèrent qu'il fallait faire 1km par ci et 2km par là. Puis ils nous regardèrent partir en buvant leur café assis à l'ombre d'un toit nous disant « suerte y buen viaje ».
Il en était trop, voilà neuf heures que nous faisions du stop, nous décidâmes d'y aller au culot, ces gens allaient nous emmener.
Ce fut chose faite !! nous nous retrouvâmes en quelques minutes dans cette nouvelle station, et malgré un trafic faible, nous sentions que la suerte pouvait bien revenir. Était-on enfin repenti de nos pêchers, après 10h de fatigue et cette petite nuit de 4 heures ?
Il faut croire que nous avions notre compte, car une heure fut suffisante pour que nous embarquâmes gratuitement dans un bus très confortable et vide de passagers qui nous emmena directement à Cordoba Capital.
La suerte était de retour c'est sûr !!

Le voyage est ainsi, plein de surprises, et nous pouvons passer dans une même journée nos pires et meilleurs moments.

Suerte !!


*Suerte : bonne chance
**Buen viaje : Bon voyage

Pierro





























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