Prends tes pieds

lundi 30 janvier 2012

Un ticket pour Uyuni

De Tupiza a Uyuni, près de 350 km de route pour une estimation de 7h de voyage. En saison pour partir, ce n'est pas si simple, il y a deux bus par jour, un a 10h et l'autre a 18h. Les places sont chères, il faut donc mieux s'y prendre à l'avance pour avoir le bus que l'on veut. C'est ainsi que nous avons pris le bus de 18h et non de 10h.
A 18h au terminal, surprise, deux bus se présentent à nous affichant la direction d'Uyuni. Ce qui pourrait être simple devient compliqué, personne ne sait dans quel bus aller, mais il y a bien une place attitrée pour chacun. Les gens entrent et sortent, mettent leurs bagages en soute pour les ressortir, c'est le souk. Pourtant la solution n'est pas si loin, le bureau de la compagnie nous sort ses feuilles avec les noms de tous les voyageurs, leur place et leur bus. Ça y est, c'est sûr, c 'est celui là !! Nous pouvons charger les bagages et embarquer, ou presque. La soute est trop petite, les sacs de voyage irons donc avec nous à l'intérieur. Après un tour de passe passe pour ne pas payer une pseudo taxe nous arrivons à bord, et nous nous faufilons jusqu'au fond du bus avec les sacs pour trouver nos assises. Nous entreposons les sacs dans l'allée, ça y est, la dernière rangée ne peut plus bouger, le passage est condamné. Il commence à faire chaud avec tout ce monde, mais les fenêtres bloquées ne laisserons pas échapper une once d'air. Le bus démarre, fait cinquante mètres et à notre grande surprise, une quinzaine de personnes montent et viennent se poster debout dans l'allée pour un voyage de sept heures. Finalement leur sort ne s'annonce pas si terrible, ils peuvent s’asseoir dans l'allée. Ou peut être que j'ai oublié un détail, je me rappelle maintenant, ce bus était particulier, assez haut sur ses roues bien crantées, trapues, et couvertes de boue. Après quelques kilomètres, je comprends mieux pourquoi : nous quittons le bitume pour la piste. Les chocs s'accentuent, il n'est plus possible de tenir assis sur le sol de l'allée, tout le monde se relève. Cette fois si, il n'y a plus de doute nous sommes partis pour Uyuni.

A la fin de ces quelques lignes, mon crayon de bois s'est posé et je me suis accosté pensant que la routine du voyage aller s'installer, entre crampes, bouffées de chaleurs et rotation des places avec nos amis de l'allée. Mais en Bolivie, ça ne s’arrête jamais. Tant que le bus n'est pas dans le terminal, à l’arrêt, tout peut arriver. C'est pour cela, que j'ai du reprendre mon crayon de bois afin de terminer cette histoire.

Comme prévu, la routine s'était installée dans le bus, et c'est vers 1h30 du matin, à 25km d'Uyuni que notre engin s'est arrêté. La porte du chauffeur s'est ouverte, et une femme est entrée, nous disant d'une voie calme que nous ne pourrons pas traverser la rivière qui passe sur la route pour le moment, car elle est trop puissante. Les questions se mirent alors à fuser dans le bus, à propos de notre temps d'attente, d'éventuelles autres possibilités... Certains commencèrent à avoir peur de manquer d'eau ou de nourriture, une demoiselle se sentit mal dans cet univers fermé. On eut tout d'un coup l'impression que c'était le chaos, que l'on allait tous mourir après 10mn d'arrêt, alors que nous avions tous des réserves pour 4 jours ou plus avant de commencer à se dévorer les uns les autres. Les gens prirent conscience de leur agitation, se calmèrent et demandèrent à sortir pour prendre l'air. Une nouvelle surprise nous attendait, pour une raison que personne ne comprit nous n'avions pas le droit de sortir. Un petit coup de force de l'ensemble des passagers nous permettra tout de même de nous retrouver dehors, les pieds dans la boue. Nous découvrons en effet un fleuve bien agité qu'il semble très compliqué de franchir.
Nous prendrons donc notre mal en patience jusqu'au lever du jour vers 5h du matin. Au réveil nous découvrons un fleuve encore plus fort, il n'est toujours pas question de passer. Certains commencèrent à s'insurger et perdirent patience. Après tout 25km ça se fait à pied. Nous vîmes alors un groupe de motivés, ou d'inconscients, je ne sais pas trop, se préparer pour une marche de plusieurs heures sous la pluie, dans la boue, et dans le froid. Ils furent une dizaine à traverser le fleuve par le pont de la voie ferrée, mais finalement la plupart se découragèrent et seulement quatre firent le voyage ainsi.
A 6h30, alors que nous sommes assoupis, le bus démarre. Il semble que le chauffeur veuille faire une tentative. Il fit rugir le moteur, en jouant de la pédale d’accélérateur pendant de longues minutes, et finalement se lance. Le spectacle est impressionnant, le bus descend dans l'eau rouge, nous nous retrouvons au milieu de ce fleuve qui s'agite, finissons par remonter, le bus ne cale pas, nous arrivons de l'autre coté dans un tonnerre d’applaudissements, nous sommes passés !
Ici les transports ne sont définitivement pas les mêmes qu'en France, même si un sanglier qui a mal choisi son moment pour traverser la voie est capable d'arrêter un train qui file à trois cent kilomètres par heures pendant un long moment.

Pierro










1 commentaire:

  1. JE SUIS ÉPATÉ !!!par la qualité de vos articles
    et la beauté des photos
    Je suis impatient de lire la suite
    CL+SL

    RépondreSupprimer