Prends tes pieds

lundi 28 novembre 2011

Naturalezarte

Parfois, nous nous laissons entraîner. Au fil des rencontres et de nos envies nous nous embarquons vers de nouveaux horizons. C'est un peu ce qui est arrivé chez Fernando à Trenta y Tres. Nous avons été captés par ce personnage débordant de savoir et nous sommes laissés tenter par ses conseils. Ainsi, notre route a à nouveau changé, et plutôt que de viser le nord, nous sommes partis plein sud, en direction de Rocha pour une petite communauté pratiquant la permaculture et la bio-construction. Nous avons alors chevauché quelques chevrolets, pick-up, camionnettes, mais toujours pas de coccinelles. Les routes se sont réduites jusqu'à devenir des chemins de terre. Les cheveux au vent à l’arrière de ces camionnettes nous nous imaginions déjà cette communauté, les gens que nous allions y rencontrer. En même temps, tout ça partait de quelques paroles dans la ville 33. Nous avons fini par nous arrêter en pleine brousse sur ce chemin de terre en se disant que ça pouvait être là, dans cette drôle de grange arrondie près de laquelle scintillait un panneau solaire. Mais non, mauvaise direction, c'est un drôle d’ermite qui vivait là et il ne semblait vraiment pas vouloir nous rencontrer. Une voiture passe, elle s'arrête, nous rencontrons Gustave, notre sauveur. Très étonné de voir des touristes avec leurs gros sacs à dos dans cette brousse, il cherche à nous aider. Et grâce à un brin de technologie : le smartphone, il nous aide à localiser notre destination, et nous repartons à bord de son pick-up Toyota. A 17h, nous franchissons enfin les portes de la communauté à bord de ce gros 4x4 noir qui semble un peu en décallage avec le lieu. Derrière cette grille, nous découvrons une grande plaine qui se termine par des petites montagnes rocailleuses similaires à celles que l'on peut trouver dans le sud de la France. Dans cette grande plaine, des herbes hautes légèrement jaunis par la lumière de cette fin de journée battent au vent. Droit devant nous, un bâtiment fait de bois et de verre se découpe dans les herbes avec sa forme géométrique. Plus loin, dispersées dans les collines nous apercevons quelques maisons de terre ou de bois qui se détachent à peine du paysage. Une vieille éolienne tourne en laissant échapper quelques bruits de métal. A quelques pas, légèrement derrière nous, un chantier est en cours, une maison de terre prend pied. Près de nous, un bâtiment au toit de Chaume semble être le centre d'inertie du mouvement. C'est le sourire aux lèvres que nous nous approchons et faisons la rencontre de Geronimo. Jeune homme d'une trentaine d'année au look décalé et relaxé. La conversation s'engage, nous nous regardons, nous interrogeons, et doucement, tout notre petit monde s’effondre. Nous venions pour aider à construire, pour participer aux activités agricoles, rencontrer des gens, apprendre, échanger. Mais le seul échange que nous trouvons alors est celui de notre devise contre le droit de rester dans la communauté. Nous sommes terrassés, toute notre motivation s'est envolée. Nous hésitons presque à visiter, à parler. Notre deuxième rencontre n'est pas tellement plus joyeuse, nous nous confrontons à un homme qui s'est élevé tellement haut spirituellement qu'il n'en voit plus que le bout de son nez. Nous finirons par rencontrer un autre habitant moins hostile mais pas moins perché qui nous réconfortera un peu. Désorientés par ce retournement de situation nous décidons de partir le lendemain à l'aube et de laisser en paix cette drôle de communauté.
Parfois, nous nous laissons entraîner, et on peut se tromper, mais nous n'en sortons pas pour autant sans aucune anecdotes à raconter.

Pierro









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire